Teinture sauvage, le sureau yèble


Teinture sauvage, le sureau yèble

Voici plusieurs fins d’été que j’avais envie de tester le sureau yèble, et c’est maintenant chose faite ! Je vous partage quelques photos de ce long processus qu’est cette teinture solaire naturelle à base de plantes sauvages locales.

En effet j’ai choisi de faire une teinture solaire en suivant la recette du livre dont je suis fan : Teinture sauvage de Céline Philippe. Je vous le conseille vivement, tout d’abord il est sublime, les photos sont magnifiques et surtout ce livre est très complet pour teindre de manière locale et sans métaux, exclusivement avec des végétaux.

Voici le retour en photos de cette expérience qui a pris plusieurs semaines.

avant la teinture :

La récolte

Le sureau yèble Sambucus ebulus est un plante invasive. Il fructifie à la fin de l’été, ses baies sont toxiques. Il est possible de faire la même teinture avec le sureau noir, mais je n’en ai pas à porté de main.

Dans mon jardin je l’élimine car cette plante prends la place des autres et prolifère d’années en années. J’en profite pour au moins en extraire de la couleur !

J’en ramasse un grand saladier, suffisamment pour teindre des échantillons de cotons, de lins de soies et de laines.

Les baies sont juteuses et la couleur de leur jus écrasées est déjà prometteuse !

Fermentation des baies

Afin d’extraire le colorant des baies il est nécessaire de faire fermenter les baies.

Après les avoir écrasées avec un pilon, je les recouvre d’eau dans un bocal et je le laisse exposé à la lumière du soleil (ou autre source de chaleur) pendant trois semaines. Je dévisse régulièrement le couvercle du bocal pour évacuer le gaz de la fermentation.

La fermentation permet d’acidifier le bain. En effet les colorants présents dans de nombreuses baies contiennent la molécules des anthocyanes. Les anthocyanes sont particulièrement sensibles au variation de ph qui donne des couleurs qui vont du gris, du vert tendre au rose. Cette molécules est instable à la lumière et il est possible de la rendre plus stable selon certaine recette. Ici j’ai suivi les conseils du livre de Céline Philippe qui est de mordançer les fibres animales avec des fanes de betteraves et de faire une teinture solaire. Je vous explique ensuite.

le Mordançage des tissus

Avant d’être teints les tissus doivent être préparés pour que la teinture prenne sur les fibres. J’explique ici comment mordancer la laine de manière classique et prochainement je ferai un article pour le coton.

J’ai suivi la recette du livre “Teinture sauvage” pour le mordançage de la laine avec une ressource locale : la fane de betterave ! Dans cet article l’auteure explique en détail le rôle des acides oxaliques contenus dans les fanes de betteraves qui se marient très bien avec les fibres animales.

 

Je récolte au jardin de 200% du poids du tissu de laine sec à teindre. Tiges et feuilles fraîches. Hachées menu.

Je les met à cuire à petit bouillon pendant une heure. Puis je filtre les végétaux.

Je garde uniquement ce jus rose-rouge vif ! Une fois refroidi je mets le tissu de laine à cuire à petit bouillon pendant une heure. A l’issue de quoi il sera prêt à être tient.

la teinture :

Extraction du jus

Après trois semaines à la lumière le jus coloré est près à être utilisé pour la teinture. Je filtre pour séparer les végétaux du jus.

Afin d’avoir une couleur plus vive je rajoute du vinaigre jusqu’à avoir un ph de 4-5.

Sur le tissu de l’étamine la couleur est lie de vin et sur le papier le jus a une couleur framboise qui s’assombrie en violet lie de vin en séchant. Sans mordançage ou sans fixateur ces couleurs fanes avec le temps et la lumière.

La teinture solaire

Je plonge dans le bocal les échantillons de tissus. Je ferme le bocal est je l’expose au soleil pendant 6 jours et remuant tous les jours afin que le couleur soit unie.

Fraichement sortie du bain

Sortie du bain de teinture solaire de sureau hièble les couleurs sont profondes et intenses ! Elles vont s’éclaircir une fois les tissus rincés puis secs.

Lavés et séchés

De gauche à droite, soie, coton, lin et coton nid d’abeille. Les couleurs sont douces et délicates.
Les échantillons sont rincés à l’eau claire, puis séchés.

Le nuançage

Les échantillons sont rincés à l’eau savonneuse, puis séchés. Cela donne des gris bleutés.

Les échantillons sont rincés avec une eau basique (lessive de cendre) puis séchés.
Cela donne des couleurs verts, vert kaki sur les fibres protéiques et gris sur les cellulosiques.

Échantillon de soie rincé à l’eau, et échantillon de laine nuancé à la lessive de cendre.

Voici toute la gamme de couleur que j’obtiens avec avec une teinture solaire de sureau yèble, nuancée avec du savon, de la lessive de cendre sur différents tissus cellulosiques (coton et lin) et  protéiques (soie et laine).

La recette intégrale est dans le livre “Teinture sauvage” faite à partir de sureau noir.